Wednesday, January 17, 2007

Les Françaises championnes des naissances

Il faut remonter à la première élection de Mitterrand à la présidence pour trouver autant de naissances en France. 2006, année record pour les bébés, un bon signe pour Ségolène Royal ? Quoi qu'il en soit, au 1er janvier 2007, la population de la France comptait 63,4 millions d'habitants (1). Le taux de fécondité de deux enfants par femme, est atteint. Selon le directeur général de l'Insee, Jean-Michel Charpin, qui présentait ces résultats hier, cela fait de la France «très probablement» le pays le plus fécond d'Europe. Une exception enviée.
Baby-boom. 830 900 enfants sont nés en France en 2006. Soit une hausse de 2,9 % par rapport à 2005. C'est un pic plus élevé qu'en 2000, où l'on parlait déjà d'un mini baby-boom. Et ce n'est pas parce que les Françaises sont plus nombreuses à faire des bébés, (âgées de 20 à 40 ans elles sont 28 000 de moins qu'en 2005), mais elles en font davantage. En fait, le nombre de naissances n'a augmenté que pour les mères de 30 ans ou plus. En 2006, une femme accouche en moyenne à presque 30 ans (29,8), au lieu de 27,7, il y a vingt ans. En France, comme dans l'Europe entière, les femmes reculent le moment de devenir mère (et aussi de se marier). Plus de la moitié des nourrissons de 2006 ont une mère au moins trentenaire (ils étaient 44 % en 1996).
En Europe, la moyenne était de 1,52 enfant par femme, en 2005. Seuls quelques pays de l'Europe du Nord ont un indice conjoncturel de fécondité supérieur à 1,7 enfant par femme. A l'Est, ce taux tombe souvent en dessous de 1,3 (voir ci-contre). Quant à l'Irlande, traditionnelle championne, elle s'est laissée distancer par la France. Cette vitalité démographique s'explique en grande partie par le modèle français très valorisé de la «femme qui travaille et qui a des enfants».
Carrière. 8 femmes sur 10 sont présentes sur le marché du travail, en France. On n'en comptait que 6 sur 10 en 1975. Les crèches municipales, la maternelle publique et gratuite, les centres aérés, les colonies de vacances subventionnées, les cantines, ainsi que les aides financières (allocations, subventions pour les gardes privées) facilitent la conciliation des vies professionnelle et familiale. Contrairement à des pays comme l'Allemagne qui qualifie de «mères corbeaux», celles qui continuent à travailler (et où 50 % de femmes ayant fait des études supérieures n'auront pas d'enfant), la société française ne culpabilise pas les femmes qui poursuivent leur carrière après avoir eu un enfant.
Autre exception hexagonale relevée hier par l'Insee, les mouvements migratoires contribuent seulement à un quart de la croissance démographique en France. Ils comptent pour 80 % dans l'ensemble des pays de l'UE.

Par Charlotte ROTMAN

(1) 64,1 millions avec les pays, territoires et collectivités d'outre-mer (Polynésie-Française, Nouvelle-Calédonie, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna).